Doha, la capitale du richissime émirat du Qatar disposant d’une fabuleuse réserve de gaz, abrite depuis le 5 mars 2023, les travaux de la cinquième (5 -ème) Conférence des Pays les Moins Avancés (PMA). Un forum planétaire qui regroupe sous l’egide des Nations Unies, les dirigeants et représentants de 33 pays d’Afrique, 12 pays d’Asie Pacifique et d’Haïti parmi lesquels : la Guinée.
La délégation officielle guinéenne est conduite à ce sommet, par Mme la Ministre du Plan et de la Coopération Internationale, Mme Rose Pola Pricemou et comprenant des hauts cadres, experts et techniciens de la Présidence, de la Primature et des Départements sectoriels.
En effet, ces rencontres de haut niveau se tiennent pratiquement tous les dix ans mais avaient été reportées 2 fois à cause de la pandémie COVID. Le Sommet de Doha réunit les Etats classés dans la catégorie des Pays les Moins Avancés de la planète à l’effet d’apporter un soutien international particulier pour les membres les plus vulnérables et les plus défavorisés des Nations Unies. Un plan d’action en faveur de ces pays avait justement été adopté lors de l’Assemblée générale de l’ONU en 2022 engageant la Communauté Internationale à cet effet.
Profitant de la tribune de ce grand sommet, Mme la Ministre du Plan et de la Coopération Internationale, après avoir transmis les salutations du Président de la Transition, Chef de l’Etat, Colonel Mamadi Doumbouya aux illustres personnalités, invités et participants a insisté sur la pertinence des outils et instruments d’accompagnement et de soutien aux PMA, comme la Guinée : « La mise en œuvre des plans décennaux des PMA a été très utile pour mon pays depuis son accession à l’indépendance. Le plan d’actions d’Istanbul 2011-2020 en est l’illustration parfaite. Il a permis à la Guinée de renouer avec la planification économique par l’élaboration de deux plans quinquennaux, dont le second 2016-2020 a fait l’objet d’une réunion du Groupe consultatif permettant ainsi de mobiliser environ 21 milliards de dollars pour soutenir le développement économique et social de notre pays. »
Mme Rose Pola Pricemou étayera son argumentaire en affirmant, devant le forum que : « Concernant la décennie 2021-2030, les objectifs de nos plans nationaux de développement intégreront les objectifs du plan d’actions de Doha 2021-2030 objet du 5e Sommet. D’ores et déjà, je puis vous rassurer qu’un bon nombre de ces objectifs sont reflétés, de façon proactive, dans le programme de référence intérimaire (PRI) 2022-2025 en cours de mise en œuvre dans mon pays. »
Outre la dimension ‘’plans décennaux des PMA’’ et l’importance de leur mise en œuvre en faveur des Etats, la Cheffe de la délégation guinéenne a attiré l’attention du forum de Doha sur l’initiative novatrice portée par la Guinée afin de donner une impulsion nouvelle a la Coopération Internationale. Mme Rose Pola Pricemou rappelera qu’au « regard du haut niveau de représentation et de la solennité qui caractérisent le présent sommet, c’est l’occasion pour moi d’attirer votre attention sur une initiative majeure de la République de Guinée pour amplifier la Coopération Sud/Sud et Triangulaire. En effet, la Guinée fait de la Coopération Sud/Sud et Triangulaire un axe majeur de sa politique de coopération internationale. Cette option est traduite depuis l’indépendance dans plusieurs domaines comme l’agriculture, l’énergie, l’environnement, la coopération technique, les infrastructures, le commerce, etc. »
Et de rajouter, avec conviction, devant l’auguste assemblée que « Fidèle à cette vision, la Guinée a, dans le cadre de la préparation et lors de la deuxième conférence des Nations Unies sur la coopération Sud/Sud de mars 2019 à Buenos Aires, soumis le projet de Création de l’Institut International de développement de la Coopération Sud/Sud et Triangulaire (IDCSST) avec pour Siège Conakry. Ce projet répond aux préoccupations exprimées lors des réunions sur la coopération Sud/Sud, surtout de la Conférence de BAPA 40, et aux appels incessants du Secrétaire Général des Nations Unies M. Antonio Guterres qui nous a toujours invité à prendre des initiatives et créer des structures permettant une meilleure appropriation et une gestion efficace et efficiente de la Coopération Sud/Sud au service des objectifs de développement durable. » conclura-t-elle.
Notons de passage, que la proposition guinéenne de création de l’institut a été favorablement accueillie par le Groupe des PMA, le Secrétariat Exécutif du Groupe des 77 et de la Chine, l’Office des Nations Unies pour la Coopération Sud/Sud, le Brésil, l’Argentine. Ce projet va faire objet d’une grande présentation et de partage à Doha.
ll est important de rappeler que 1,3 milliard de personnes, soit 14% de la population mondiale, vivent dans les 46 PMA. Selon l’ONU, plus de 75% de ces personnes vivent encore dans la pauvreté. Tous les PMA ont un revenu national brut par habitant (RNB) inférieur à 1.018 dollars.
A l’ouverture du Sommet, Mr le secrétaire General des Nations Unies avait affirmé que « Nous pouvons et nous devons nous unir » pour transformer les mots du Programme d’action de Doha en résultats tangibles » M. António Guterres avait dans la foulée, réclamé une « véritable révolution en termes d’assistance » à trois égards : une aide immédiate pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD), un soutien pour mobiliser et optimiser les ressources nationales, et une réforme impérative du système financier mondial en créant un « nouveau Bretton Woods ».
Le Programme d’action de Doha est « un guide pratique » qui contient des objectifs concrets. Ce sera « la feuille de route » pour résoudre les problèmes des PMA au cours de la prochaine décennie, a revendiqué l’Émir du Qatar, en sa qualité de Président de la Conférence. M. Tamim bin Hamad Al-Thani a rappelé aux pays riches et développés leur responsabilité morale d’aider les PMA : « Ce n’est pas une faveur. » En annonçant lui-même un don de 60 millions de dollars pour soutenir la mise en œuvre du Programme, l’Émir a invité les autres États Membres à suivre son exemple.
Un appel à l’action et au soutien d’autant plus que Mme Rabab Fatima, la haute représentante de l’ONU pour les pays les moins avancés, confiait en marge du Sommet que les pays riches n’ont pas tenu leurs promesses de donner entre 0,15 et 0,20% de leur produit intérieur brut aux PMA, coincés « dans la parfaite tempête pour perpétuer la pauvreté et l’injustice« .
Le monde s’est fixé, en 2015, 17 objectifs de développement durable (ODD) pour parvenir en 2030 à l’élimination de la pauvreté, à la sécurité alimentaire pour tous ou encore à l’accès à une énergie propre et abordable. Et « il ne peut y avoir de reprise durable, pas de victoire à célébrer de cet Agenda 2030, si ceux qui sont le plus en retard sont oubliés, et ce sont les PMA », insistait Rabab Fatima, la haute représentante de l’ONU pour les pays les moins avancés.
Pour mémoire, depuis 1971, le nombre des PMA – (24 au départ) – a presque doublé, pour atteindre 46. Grâce à leur désignation parmi les pays plus défavorisés, ils bénéficient de « privilèges » commerciaux et d’un accès plus facile aux aides et autres financements. La première conférence des PMA s’était tenue à Paris, en 1981.
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