Pour mémoire et aux termes de l’article 192 du code minier 2011 amendé en 2013, intitulé Contrôle quantitatif et qualitatif des produits, il est clairement stipulé que « Les quantités et qualités des ressources minières à l’exportation ainsi que les produits pétroliers importés par les sociétés minières doivent faire l’objet d’une vérification stricte des services compétents du ministère en charge des mines en rapport avec l’Institut de Normalisation et de Métrologie. Tout navire assurant l’exportation des produits miniers ou livrant des produits pétroliers est obligatoirement soumis aux opérations de contrôle technique. Les écarts constatés doivent être justifiés sous l’appréciation des services compétents de l’Etat. »
Cependant, jusqu’au démarrage de l’appui de la GIZ (la coopération allemande) en 2017, la mise en œuvre de cette disposition légale n’était pas encore effective. Cela, à cause du manque d’infrastructure adéquate et de capacités techniques des agents du Ministère des Mines et de la Géologie (MMG).
En effet, outre l’absence d’expertises locales et techniques en matière de contrôle de quantité (le tonnage) de bauxite exportée, la Guinée souffrait d’un manque notoire et préjudiciable de techniciens de terrain formés et équipés (en dehors du Laboratoire National de la Geologie) capables d’évaluer aux cotés de l’expertise-labo des compagnies minières, la qualité en teneur du minerai. C’est pourquoi, parallèlement aux opérations de contrôle des Quantités, le Département des Mines et de la Géologie avec l’appui de la GIZ a enclenché la phase novatrice de contrôle de la Qualité « le grade » des produits miniers à l’exportation.
Cette activité mobilise depuis 2021, un groupe dynamique de 40 échantillonneurs de qualité qui sont postés dans 5 sociétés minières dans la région de Boké. Une masse critique d’agents formés et outillés aux techniques de prélèvements et d’analyses des échantillons en labo qui a rejoint le corps de contrôle et d’évaluation qualité des produits miniers à l’exportation. Motivés et déterminés, ils veuillent surtout « au grain » sur la qualité (teneur) composante essentielle dans l’évaluation de la valeur de la bauxite et dans la liquidation de la taxe minière.
« Nous procédons à la collecte conjointe et au traitement des échantillons du minerais sur sites d’extraction, de stockage et d’expédition. Ensuite nous procédons au transfert et au traitement des échantillons témoins en laboratoire sur site et bien après au Laboratoire National de la Géologie à Conakry. » confie Mme Odia Magassouba, Cheffe d’Equipe d’évaluateurs qualité à Boké Boffa. Ces échantionneurs déployés au cœur même des sites d’extraction, de stockage et d’exportation, prélèvent (ensemble avec les sociétés minières) des échantillons communs pour déterminer (au laboratoire) la teneur du minerai.
Les teneurs fondamentales ainsi recherchées sont : le Taux d’Alumine, de Silice, de Fer, le taux d’humidité et autres traces témoigne Mr Mory Oulèn Kaba, Directeur Adjoint Contrôle Qualité à la SMB. Ce technicien apprécie la synergie d’action avec les échantillonneurs du Département des Mines « un travail conjoint et professionnel qui crédibilise le contrôle de la teneur et rassure les différentes parties avant l’expédition des barges chargées de bauxite vers les gros navires ». Quelques échantillons prélevés et conditionnées sur les sites sont transférés dans les installations du Laboratoire National de la Géologie à Conakry pour analyse finale… des compétences et une expertise en certification, reconnues au Labo Nationale de Géologie par la loi minière guinéenne.
Grâce au partenariat avec la Société ASHAPURA et avec l’appui de la GIZ Allemande, les installations du Laboratoire National de la Géologie ont beneficié (de 2017 à 2020) d’un projet de réhabilitation, d’extension et d’équipement complet.
Les hommes formés au LNG disposent d’équipements de dernière génération parmi lesquels Un Spectromètre de diffraction des rayons X « XRD », Un Spectromètre de Fluorescence des rayons X « XRF », Un Spectromètre à plasma couplé, analyseur de taille des particules à Laser « ICP-OES », Un Mesureur de surfaces BET et surtout …. Une Station d’Évaluation Technique des minerais, telle que la bauxite. Ce labo basé à Coronthie, maillon essentiel du dispositif de contrôle Qualité comme le stipule la loi minière reçoit les échantillons communs qui viennent des sites d’expédition au niveau de la salle mécanique, nous explique Mr Alphonse Mara, Responsable Section minéralogie au LNG.
Dans le process « les sachets en poudres » traités issus de la salle mécanique passent dans des labos chimiques compartimentés et dotés d’équipements de hautes précisions technologiques pour des analyses pointues de la teneur… en taux d’alumine, de silice, de fer, en taux d’humidité et autres traces de métaux ou substances rares. Le traitement des échantillons témoins en labo est sanctionné par la fiche de teneur (qualité) qui accompagne le manifeste cargo (quantité) pour servir de documents de bases devant permettre aux responsables des bureaux de Douanes de liquider la taxe minière au titre de la fiscalité de porte.
Avec cette maille d’outils et d’hommes, le pays dispose désormais d’une masse critique d’experts évaluateurs Qualité (et au niveau central à Conakry) mais aussi, sur les théâtres d’opérations d’extraction et d’exportation minières à l’intérieur du pays se réjouit Dr Abdourahmane Keita, Directeur Général du Laboratoire National Géologie (LNG).
Une expertise reconnue pour des résultats probants et salutaires en matière de contrôle « qualité et quantité » de la bauxite exportée.
En l’espace de 4 ans, le Ministère des Mines et de la Géologie avec l’appui de la GIZ peut s’enorgueillir d’avoir formé et déployé un corps d’agents évaluateurs dont le travail est unanimement reconnu et salué par les partenaires de terrain dans le processus d’exportation des produits miniers en Guinée.
En effet, les acteurs évaluateurs (quantité) travaillent en étroite collaboration avec les déclarants en douanes (Surveyor) au compte des opérateurs miniers, les armateurs, les capitaines des navires et surtout avec les cadres des bureaux de douanes chargés de la liquidation des droits et taxes miniers.
En termes de statistiques, de janvier 2019 au 30 septembre 2021 … ce sont : 2 mille 17 navires qui ont été inspectés, plus de 217 millions de tonnes métriques de bauxite évalués et contrôlés, plus milles tonnes métriques d’alumine évalués et contrôlés, plus de mille tonnes métriques de fer évalués et contrôlés. La Fréquence de contrôle étant de 60 navires couverts par mois.
Un travail qui confirme et conforte la présence des experts évaluateurs guinéens pour garantir la transparence, la fiabilité des données et dissuader toute évasion fiscale. Ce travail important vise à sécuriser davantage les revenus de l’Etat issus du secteur minier qui contribue à hauteur de 25% au PIB et pour 80% aux recettes d’exportations du pays… Une activité en bute à d’énormes difficultés au rang desquels figurent « les problèmes d’accueil et d’hébergement des évaluateurs, les difficultés opérationnelles et autres risques lors des sorties en haute mer, les problèmes de prise en charge des équipes, le manque de moyens de déplacement et surtout de vedettes maritimes pour mener des missions de contrôles inopinés en toute indépendance des miniers… ».
Il est regrettable, constate un agent de terrain que « des équipes d’évaluateurs dépendent, pour leurs sorties en haute mer, des moyens logistiques et de transports des opérateurs miniers et des convoyeurs. A cela s’ajoute surtout, l’insuffisance du nombre d’agents évaluateurs par rapport au nombre de sites, de navires et de sociétés à couvrir 24h/24 ».
Un constat inquiétant d’autant plus que l’exportation des produits miniers est en pleine expansion en Guinée. Outre la bauxite, l’or, le diamant et bientôt le fer du Simandou, les Guinéens doivent disposer de suffisamment d’expertises, de moyens techniques et logistiques afin de répondre aux besoins et couvrir efficacement les sites miniers de production et d’exportation. A l’image d’un « Centre Directionnel de haut standing » pour le suivi (en temps réel) du mouvement des navires en haute mer et des activités dans les mines sollicitait, avec insistance, Mr Moussa Nimaga, Coordonnateurs des Evaluateurs au Ministère des Mines et Géologie.
Dans cette campagne d’appui au pays pour la maitrise des opérations de contrôle, la GIZ a contribué à l’élaboration de manuels de procédures de détermination de quantités de produits miniers à l’exportation. Un outil pratique et didactique standard pour faciliter et améliorer la collaboration entre les acteurs de l’administration publique impliqués dans la collecte, le traitement et la gestion des informations du secteur d’une part, et de l’autre, entre l’administration publique et les sociétés minières exportatrices.
L’activité d’évaluation, de suivi et de contrôle des quantités et de la qualité appuyée par la Coopération allemande contribue au renforcement de la surveillance de l’Etat en matière de contrôle minier, à l’amélioration des statistiques minières, à la lutte contre l’évasion et la fraude fiscale ainsi qu’à la sécurisation des revenus miniers de l’Etat. Ce travail dur et risqué « d’évaluateurs quantités » est fait par des hommes mais aussi surtout par des femmes, motivées et courageuses qui ne reculent devant aucun obstacle.
In fine, il s’agit d’un projet majeur qui participe à asseoir les bases d’une gouvernance vertueuse pour impacter les revenus, et au-delà, le bien-être des populations et la transformation structurelle de l’économie … Faire des Mines, un secteur catalyseur, une locomotive pour tirer les autres wagons de l’économie et favoriser le développement durable et inclusif au niveau local et national de la Guinée.
Synthèse, civinewsguinée.